Demain est vite arrivé....
Alors le soleil pas encore levé, tout le monde s'agite, on range les camions, la gueule dans l'cul, et on prend la route qui nous mène au départ situé à quelques kms du village.
Il fait frais, ca réveille.
Le ballet bien orchestré des fourgons qui sont vidés de leurs barnums, groupes, béquille, bidons d'essence, motos.
On se salue, serre les mains, fait la bise, selon les degrés d'affinités, et tout le monde à le sourire. Le ciel est dégagé....Ca va chier!!!
En deux heures tous les acteurs sont prêts.
Y en a sur près d'un km
Aldo est la avec la plus belle Harley de la gamme
9h00, les "Double monte" attaquent la journée.
Avec le Pantah, je redécouvre le tracé si plaisant mais si bosselé, qui fait dire que Sospel est le cross le plus rapide du Sud-Est.
Vache, ca va pas en s’arrangeant.
Puis les séries s'enchainent. Avec volupté je démarre le 888 pour me remettre en selle.
Putain, elle me fait toujours le même effet, j'arrive pas à décrire, elle me surprend à chaque fois, même si je ne la maitrise pas comme elle le mériterait.
10h30 les choses sérieuses vont commencer, avec les essais chronos.
Mon voisin de fourgon, un jeune qui débute ici sa première côte a hâte d'en découdre malgré le stress qui lui colle au ventre.
Ses collègues lui ont conseillé de s'essayer à la compète, car il est le plus rapide de la bande.
Tout a l'heure il ne m'a pas cru quand je lui ai dit que je me prenais presque 20s dans la gueule par le premier
, il veut voir ce qu'il vaut.
Il verra, il s'en prendra 17, sans y croire. Normal, il n'a jamais vu rouler les premiers
Non seulement il est déçu de son chrono, mais il me dit qu'il a un bruit dans le moteur, il sait pas ce que c'est.
Fait écouter?....
Oh putain, tu vas pas monter comme ca cet après-midi, hein?
J'appelle Jeannot pour avoir un deuxième avis. idem, dès le moteur démarré, on coupe vite, on a l'impression que la bielle va passer au travers. Il faudra qu'on insiste pour qu'il arrête là...
Les chronos ont donné leur verdict: Fabrice est en grande forme, ainsi que Nono. Didier n'est pas trop réveillé, il est moins bien que la dernière fois.
Les autres, on est derrière.
Mais y 'en a un qui a claqué un chrono qui nous laisse sur le cul, c'est MMV
Putain, ses meules, elle ont une drôle de couleur, mais elles déchirent graaaaave comme disent les djeuns!
La pause de midi permet juste de profiter du soleil de l'automne, on grignote, on se concentre, on pense aux dixièmes qu'il va falloir gratter pour bouffer le copain. Ca prend les tripes, mais c'est bon.Les groupes électrogènes distillent leurs ronrons lancinants. On ferait bien la sieste....
Mais le speaker nous appelle...il faut y aller.
Alors on démarre la meule après avoir viré les couvs, on ote les béquille, et lentement, consciencieusement on remonte le paddock sous les signes d'amitiés et les clins d'oeils des autres, comme s'ils nous donnaient leur protection et leur hargne.
La course, cette fois ci, c'est la course...les meules sont tordues dans tous les sens, cette fois-ci les moteurs sont tirés à fond, les embrayages sont fumés.
Certains améliorent, d'autres montent moins bien qu'aux essais, à vouloir trop bien faire, on peut faire des erreurs, ca s paie au chrono.
Dès l'arrivée franchie, je descend vite me positionner sur le parcours pour voir les potes monter, et voir leur chrono s'afficher.
Fabrice , Nono et Didier explosent leurs chronos, Marc s'intercale, c'est trop beau!!!
MMV déboule et jette la consternation en réglant tout le petit monde des anciennes.
Entre les deux montes les esprits s'échauffent.
Nono sur-motivé, jure qu'il va tout donner. Jeannot le branche et lui dit qu'il a qu'a tourner la poignée.
Pris dans cette guerre psychologique je vois les deux se tendre comme des strings. la tension est plapable.
Tout se jouera dans la dernière monte. Nono me fait peur, j'ai peur pour lui, qu'il se foute au tas pour décrocher la timbale.Didier est pareil, il veut sa breloque!
Moi, j'suis tranquille, je pense qu'a une chose: surtout ne pas se vautrer.Tranquille, mais stressé quand même, du plus rapide au plus lent, on est tous à bloc de nos possibilités.
Deuxième monte.
Ouf, j'améliore mes chronos, encore mieux que ce matin, mais derrière quand même.
Ca
y est ma huitième monte de la journée est finie, je suis claqué (double monte, c'est bien mais c'est chaud)
Je me poste vite à l'arrivée.
Nono fait hurler la LC, il explose le chrono, Marc aussi, ainsi que Didier.
J'entends la T350 de Fabrice monter, c'est propre, coulé, mais super efficace.
Putain, ca passe sous les 1'31, c'est énorme il est au milieu des modernes avec sa vieille bique jaune.
C'est un tueur.
Il en manque un.....je l'entend, il est en la-bas au loin, dans l'épingle, il loupe un rapport, repart en Wheeling sur son Bitza rose. Putain il va vite, l'enfoiré.
MMV passe la dernière courbe bosselée à bloc, se jette dans l'épingle et met plein gaz sur l'angle, la roue décolle, il passe comme une balle devant la cellule, les yeux exorbités et lève un poing rageur.
1'30 et des poussières, il est le seigneur de la journée, Nono, Fabrice et Didier n'auront rien pu faire.