Après bien des difficultés pour récupérer quelques photos, voici mon regard sur cette épreuve. Pardon pour la longueur de ce compte-rendu. Je n'ai pas pris le temps d'écrire court.
Je le savais et je le claironne depuis des années : un jour je serai en Grand Prix. Eh bien c’est fait, puisque cette endurance à Carole était dans le cadre du « Grand Prix de Paris ». Rien de moins !
L’endurance, voilà 30 ans que je n’ai pas touché à ça. Peut-être dégoûté par ma dernière qui avait fait un peu « Toyota Le Mans 2016 ». En tête jusqu’à cinq minutes de l’arrivée et casse. Frustrant, n’est-il pas ? Il est !
Roger Ruiz a joué les marieuses en me mettant en contact avec Benjamin : « il a une GPZ comme toi et veut rouler en endurance ». Et pourquoi pas ? Patrick son père a une petite expérience de la chose, il dispose de trucs que je n’ai pas comme le matériel de ravitaillement et nos premiers contacts sont plus que prometteurs. Je complète l’équipe avec mon pote Dominique comme débrouillard touche à tout de service, Pierre mon fils que je bombarde responsable de la stratégie en course et ma Douce et précieuse Yolaine qui assurera la logistique.
N’oublions pas mon Esther (elle est polie, Esther) vaillante GPZ X de 34 ans et sa copine anonyme mais qui elle est bi (amortisseurs, bien sûr).
Essais libres le vendredi. Benjamin souhaite qu’on roule en même temps. Oui, mais les tickets sont distribués pour que les pilotes d’une même équipe ne roulent pas ensemble. On trouve un « couple échangiste » qui a les mêmes voeux et on échange les sessions. C’est que le motard est un peu truand …
Tout va bien ou presque. Esther a juste cette tare congénitale des GPZ : incontinence d’un torique de merde entre culasse et cylindre. Les expérimentés de l’engin disent que ça dure même sur les ZR7 qui sont la dernière déclinaison de ce moteur. Patrick ne supporte pas et se met en charge de jointer avec de la pâte.
Le soir, je m’aperçois avec horreur que j’ai fait équipe avec un traître. Benjamin est kiné de profession. Tan, co-équipier de notre marieuse a les genoux en vrac, en raison de ses années de moto cross (un truc qui consiste à rouler une moto dans la boue). Et voilà que MON co-équipier remet en service le genou malade de notre plus grand adversaire. Ca me fait mal !!!
Qualification du samedi. Patrick et Benjamin en attente sur la pré-grille.
Entre deux séances, Benjamin se façonne un « chameau dans le dos » (= camel back). J’explique à Yolaine qu’en gros c’est un système de ravitaillement en vol. Faut dire qu’il fait bien chaud.
De mon côté, pour la dernière séance qualif’, je mets un jeu de pneus neufs en vue de les roder avant la course. Accessoirement, si ça permet d’attenter au moral de la concurrence en claquant une pendule d’enfer … Faut pas rêver, mais on est quand-même en Grand Prix, merde !
Las, après trois tours de chauffe/rodage et deux tours qui pourraient dans des circonstances exceptionnelles assommer les adversaires, une fois de plus une vitesse saute. Ca arrivait de plus en plus souvent. Manœuvre du sélecteur, mais cling, clong, craaaaac, crouiiiiii, en provenance de la transmission. Débrayé, moteur coupé, à moi échappatoire, fin de séance en spectateur avec obligatoirement le casque sur la tête même si à 100 m de la piste et qu’il n’y a pas d’ombre mais 35° au soleil. Retour au paddock en dépanneuse.
Dominique m’emmène à la maison toute proche où je récupère un moteur de secours complet et on se met au boulot.
Quatre heure plus tard il tourne, avec juste une magnifique fuite aux joints d’échappement qu’on a légèrement oubliés. Bon, laisse tomber, on va bouffer et ensuite dodo pour toi, Dominique.
Avec l’aide de Guy qui passait par là, je retombe l’échappement, remets les joints et … ne démarre pas la brêle. Il est 23h00 passées. Le temps de ranger un peu, d’évacuer le stress, dodo vers 1h00 pour moi.
6h30, driiiiiing ! Déjà ? Bah oui, départ à 8H30. Fait braire l’endurance !
Benjamin prend le départ. On a prévu un truc original car je me cale sur deux relais d’une heure, pendant que mon équipier doit faire trois fois 40 minutes. Il ne sentait pas les relais d’une heure. On économisera quand même un changement.
Tout ça volera en éclats devant le drapeau rouge pour nettoyer la piste qu’un concurrent a repeinte d’huile pour le malheur de trop nombreux qui se repeindront eux de la poussière des bacs à graviers. On goûte aussi tous deux aux tours derrière le Pace car. Pierre me fait alors anticiper légèrement un relais pour effectuer le changement sous régime de pace car. Pas con du tout et j’avais la même idée. Ben repart et se fait bloquer un tour par le feu rouge à l’entrée de la piste. Raté ! On est quand-même troisième Post Classic peu après la mi-course, mais à un tour des deuxièmes. On envoie du gaz. Comme ici Ben qui s’en croque deux à Hotel.
Au moment de notre dernier relais j’ai une dizaine de secondes de retard sur le provisoire deuxième. Youpi, Pierre et Dominique qui gèrent la cellule de chronométrage m’informent tour par tour que la buse fond inexorablement sur le moineau. Nous voilà deuz’. Deux tours plus tard, le panneau indique de nouveau « P3 ». Fallait pas oublier ceux qui sont passés de 4 à 2 et qui n’amusent pas le terrain, la preuve. Et ça s’aggrave, « -2 », « -3 » jusqu’à se stabiliser à « -7 ». Grrrrr !
Je m’empêtre un peu derrière une 600 « Open », plus rapide en ligne droite mais dont le pilote est plus timoré en virage. Pas forcément celui de la photo ci-dessous, qu’il ne vienne pas me dire que je l’ai insulté publiquement.
Je me décide pour un dépassement très viril mais correct dans le plus petit gauche de Carole. Et je reste devant. Et puis, « -7 », « -5 », « P2 ». « + 1 », « +2 », j’en remets et manque de très peu de m’en mettre une bonne à Golf . J’apprendrai que nos concurrents qui sont un équipage père et fils ont joué avec la consommation et que leur moto déjaugeait côté essence. Nous voilà dauphins de Ruiz/Pierlay et super contents.
Je reviendrai en endurance, je pense. Il faut une équipe qui assure et la nôtre l’a fait. Nous n’avons eu que le souci de faire de notre mieux en piste en faisant ce qu’on nous disait. Chacun responsable de son rôle l’a assumé pleinement avec la confiance totale des autres. Sans verser dans le cucul, c’est essentiel et bien agréable à voir dans un monde actuel qui se la joue beaucoup petit chef et individualiste.
De gauche à droite sur cette dernière photo : Patrick le père de Benjamin, votre serviteur, Yolaine, Benjamin. Dominique est derrière l’appareil photo et Pierre a été retrouvé depuis.